TÉMOIGNAGE DE CAROLINE (avril 2017)

Je m’appelle Caroline, j’ai 25 ans et je suis membre des ABA depuis 4 ans. A l’adolescence, je regardais l’anorexie et la boulimie à travers des reportages télévisés. Ces troubles retenaient mon attention mais me semblaient très loin. Pourtant, dans certaines situations, il fallait que je contrôle ma nourriture, sinon je craignais de devenir vraiment obèse, d’être rejetée par les autres et de me sentir si honteuse que je voudrais mourir.  J’ai choisi d’agir en ne mangeant plus, puis en mangeant énormément et alors, je suis entrée dans une phase de grande inconscience face à mon auto-destruction.

Mes premiers souvenirs de restriction alimentaire eurent lieu chez mes grands-parents : il y avait tant à manger, c’était bien trop ! J’ai mis en place des mécanismes comme ne manger qu’un plat sur deux à Noël, parcourir 10 km au bord de la plage chaque jour…

Les résultats apparaissaient : je rentrais de plus en plus dans mes vêtements, je passais beaucoup de temps à me regarder dans le miroir et malgré tout, je me trouvais toujours aussi moche, me dépréciais beaucoup par rapport à mes amies, à ma famille. Je sentais que quelque chose clochait dans mes relations et l’obsession alimentaire me permettait de dissimuler ces inquiétudes. J’ai cru qu’en m’éloignant de ces proches, tout irait mieux.

Je sentais que quelque chose clochait dans mes relations et l’obsession alimentaire me permettait de dissimuler ces inquiétudes.

Quand j’ai pris la décision de quitter le foyer familial pour faire mes études de l’autre côté de la France, un immense sentiment de liberté m’a saisie. J’étais libre de manger un plat unique sans entrée, fromage ou dessert et je contrôlais au centime près mes dépenses alimentaires. Parallèlement, j’oubliais mes difficultés avec la nourriture en évoluant dans des milieux plutôt sombres où drogues, alcool et musique me permettaient de plaire, de séduire.

Est-ce que je cherchais à me rapprocher des autres ? Certainement pas ! Je voulais seulement être une belle image, comme une poupée dans une vitrine qu’on adulerait mais que personne ne toucherait. En apparence cela semblait fonctionner ! Mais cela ne reflétait absolument pas ce que je pensais à l’intérieur de moi. Mon mal-être grandissait de plus en plus.

Lorsque j’ai rencontré un garçon qui m’a plu et que nous nous sommes approchés l’un de l’autre, j’ai senti une grande panique, comme si j’étais mise en danger dans mon petit monde parfait. Je me suis mise à voler de la nourriture et à manger en-dehors des repas. Cela m’apaisait et en même temps je ressentais de la culpabilité.

Puis ce fut «la débandade». Aux crises d’anorexie qui me satisfaisaient jusque ici, se sont ajoutées des crises de boulimie qui ne me convenaient pas du tout ! Elles commençaient juste par un petit quelque chose, puis un autre jusqu’à ce que je n’en puisse plus. De multiples peurs se développèrent : peur de faire un arrêt cardiaque, peur de ne plus jamais pouvoir arrêter de manger… Ma vie sociale se restreignait, j’enchaînais anorexie-boulimie-anorexie… et plus aucun repas n’était serein. La nourriture dirigeait ma vie !

J’ai découvert le site Internet d’ABA, juste après une violente crise. Les témoignages m’ont touchée directement et j’ai décidé d’aller à une première réunion. Au début, je ne m’y sentais pas à l’aise, j’avais l’impression que j’allais m’effondrer si je prenais la parole, j’arrivais presque à me convaincre que je n’étais finalement pas si malade que cela. J’avais peur de me confier et pour garder une certaine distance vis-à-vis de l’association, je voulais participer seulement une semaine sur deux…

J’ai continué à venir, à m’ouvrir et peu à peu les choses se sont mise en place grâce aux partages en réunions, aux appels téléphoniques dans mon quotidien, aux week-ends organisés par l’association. Tout cela m’aide à accepter ma maladie et à prendre du recul sur moi-même. Je ne peux pas faire semblant auprès des autres membres de l’association ! En m’autorisant leur soutien, les crises ont cessé et la nourriture n’occupe plus mon esprit toute la journée. Aujourd’hui je fais le choix d’être heureuse et j’apprends à prendre soin de moi telle que je suis. La douceur, la bienveillance et le rire m’aident à accueillir mes émotions et ma sensibilité. Rien n’est catastrophique si je le prends un jour à la fois.

Je participe à la vie de l’association parce que cela me fait progresser dans mon rétablissement. Le service me mène dans une voie plus sereine, j’ai envie de vivre et de grandir ! Merci.

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