Dépendante des Anorexiques anonymes

Marion (prénom d’emprunt) a connu le calvaire de la phobie alimentaire. Aujourd’hui, elle dit qu’elle n’est pas guérie. Elle apprend juste à faire avec.

Un regard magnifique et un sourire qui respire la joie de vivre. Ne pas s’y fier. Les grands yeux bleus de Marion peuvent se remplir de larmes facilement. À 27 ans, la jeune femme en a bavé de son obsession alimentaire qui lui a fait perdre 20 kg en six mois.
« Cela a commencé en 2004. Je mangeais n’importe quoi à n’importe quelle heure. J’avais une vie festive, j’avais pris du poids. J’ai débuté un régime : viande et féculents, très vite, j’ai éliminé le repas du soir, puis je suis passée à la salade, aux 0 %. C’était jouissif de monter sur la balance, de voir mon poids descendre ». Comme Marion se trouve mince mais « flasque », elle devient addict aux sports. Course, piscine, aquagym… « Je ne pouvais plus me concentrer sur autre chose que mon poids. Le matin, je prenais des laxatifs pour éliminer rapidement ».

« Mes parents n’ont rien vu »

Après avoir étudié à Grenoble, Marion retourne chez ses parents. « Ils ne se sont aperçus de rien. Je montais des stratèges pour arriver à mes fins. Puis il y a eu un clash. Pour valider ma 5 e année d’étude, je devais effectuer un stage. Mais je devenais hyperangoissée. Je pensais nourriture du matin au soir. Impossible de faire autre chose ».
C’est en tapant sur internet le mot « anorexie » que Marion comprend qu’elle est malade. Elle décide de « guérir très vite ». Elle rencontre psychologues, psychiatres, spécialistes des troubles du comportement… On lui dit « faut manger ! » car elle a atteint un poids qualifié de « très dangereux » : 50 kg pour 1,80 m.

D’autres filles anorexiques

À bout de trois années d’enfer, Marion appelle le groupe briochin des Anorexique Boulimiques Anonymes (ABA). Alexandra lui prononce la formule magique : « un jour à la fois ! » En 2007, elle débarque au congrès de Saint-Brieuc où elle rencontre « des filles comme elles ».
De retour à Grenoble, elle frappe à la porte des Alcooliques Anonymes qui proposent un programme similaire. « Ce sont les mêmes symptômes de dépendance », indique Marion qui, six mois plus tard, alors qu’elle a retrouvé un poids normal, tombe en dépression. « J’ai compris que mon mal être était bien au-delà de la nourriture ». Traitement, psychothérapie. Rien n’y fait contre ce manque de confiance en soi.
Puis, Marion décide de fonder le groupe des ABA à Grenoble et s’accroche à ces réunions hebdomadaires qui proposent « un programme spirituel ». N’est-ce pas une autre forme de dépendance ? « Si ! Mais c’est une dépendance saine, dit-elle. C’est un choix ! » Marion s’estime encore très fragile. « Je connais mon blocage émotionnel face aux problèmes de la vie : rupture, deuil… Aux ABA, cela me fait du bien d’échanger une parole honnête sans jugement ». Catherine LEMESLE.

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