Anorexiques et boulimiques : un groupe de parole à Tours

Boulimique depuis dix ans, Sophie s’en est sortie grâce à l’écoute et à la parole. Elle a lancé à Tours un groupe d’anorexiques et boulimiques anonymes.

On l’appellera Sophie. C’est un prénom d’emprunt car l’anonymat est de règle. Comme pour les groupes d’alcooliques anonymes, dont la structure a servi de modèle aux « Anorexiques Boulimiques Anonymes », une association qui existe depuis une dizaine d’années, dont le siège est à Saint-Brieuc (*).

C’est à Rennes que cette jeune femme de 32 ans, mère de deux enfants aujourd’hui, a réussi à mettre un terme à ses troubles alimentaires. Arrivée à Tours depuis peu, elle a décidé d’y ouvrir un groupe. Les réunions ont lieu chaque jeudi soir, en centre-ville. Sophie nous livre son témoignage.

« J’ai toujours été gourmande, petite. Je ne me sentais pas à ma place. Ni dans ma famille, ni avec les autres. J’avais du mal à aller vers les gens. Je me sentais inutile, voire inexistante. J’ai toujours refoulé mes émotions. Je compensais avec le sucré, des gâteaux et des bonbons. Ma mère me pesait toutes les semaines … »

« A 18 ans, je suis partie deux mois à l’étranger. C’était l’été, j’étais libre. J’ai commencé à réduire mes quantités alimentaires jusqu’à ne plus manger qu’une pomme par jour. Quand je suis revenue à la maison, tout le monde m’a félicitée, car j’avais perdu 10kg. Pour maintenir mon poids tout en me remettant à manger comme avant, je me suis fait vomir. Cela a duré 9 ans … »

Malgré un suivi psy pendant deux ans, Sophie n’est pas parvenue à gérer ses émotions autrement qu’en se remplissant l’estomac. Elle a participé régulièrement pendant trois ans aux réunions des Anorexiques Boulimiques Anonymes avant que le déclic se produise. « Un jour, il y a eu la crise de trop : j’ai compris que je ne pouvais pas continuer à vivre comme ça. Que ma vie devenait sans espoir. J’ai décidé que je m’en sortirai. »

Si aujourd’hui elle n’ose pas s’avouer guérie, « c’est comme pour l’alcoolisme, on n’emploie pas ce mot », Sophie dit « parvenir à gérer ses émotions, en les partageant avec une amie », plutôt qu’avec la nourriture. Elle a aussi envie d’aider les autres, comme elle a été aidée.

(*) Il existe sept groupes ABA en France : Saint-Brieuc, Dinard, Grenoble, Nantes, Paris, Rennes et Tours.

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