Je m’appelle Anne-Marie et je suis boulimique et anorexique, j’appartiens aux ABA depuis mai 2020.
Quand je suis arrivée aux ABA, c’était la fin du 1er confinement. J’avais à nouveau grossi. Ce n’était pas la première fois que cela m’arrivait, mais pour la première fois je me suis dit « plus jamais de régime ». J’ai cherché et trouvé le site des Anorexiques Boulimiques Anonymes, j’y ai lu des témoignages dans lesquels je me suis identifiée.
Depuis l’adolescence, j’avais alterné les périodes de boulimie et d’anorexie. Les périodes avec très peu et celles avec pléthore de nourriture se succédaient. Je cherchais à compenser les périodes de crises dans le but de voir enfin dans le miroir le corps qui me plairait. Cela arrivait rarement, et cela ne durait pas longtemps tant ma dysmorphophobie était omniprésente.
Mais à l’époque je n’avais pas le sentiment d’être dans l’excès ou la restriction, juste dans un contrôle strict pour être en bonne santé, me plaire et plaire aux autres. Pourtant je souffrais quand ma balance ne me donnait pas le chiffre que j’espérais, le chiffre en rapport avec mes sacrifices et avec la faim ressentie pendant des jours ou des semaines.
Alors je craquais et mangeais plus que nécessaire. Soit disant pour me faire plaisir, mais le plaisir ne durait pas longtemps. S’en suivait un mal être d’avoir trop mangé, une culpabilité de n’avoir pu résister, de n’avoir pu contrôler et au final je ressentais un immense mépris de moi même.
Aussi à ma première réunion ABA, quand j’ai été accueillie par des ami en sobriété alimentaire depuis plusieurs années, des femmes et des hommes bienveillants, sereins et qui disaient manger avec plaisir, de tout, sans restriction, ni boulimie, je me suis dit: « je suis au bon endroit, cette fois je peux y arriver, en écoutant les conseils des anciens et en suivant le programme ABA Et grâce aux réunions »
Ce qui m’a le plus impressionnée c’est d’entendre des partages qui faisaient écho à mon vécu. J’avais l’impression qu’on parlait à ma place et quel soulagement de voir que je n’étais pas seule à vivre cet enfer. Pour la première fois, je comprenais les autres et j’étais comprise.
Les réunions m’ont aidée à trouver la sobriété alimentaire assez rapidement, simplement en appliquant le plan alimentaire et le plan de journée, et en le partageant avec des amies et amis privilégiés ou avec ma marraine.
J’ai admis rapidement que la nourriture était puissante, déroutante et sournoise. Par contre, je ne savais pas qu’en retrouvant une sobriété alimentaire je mettrais autant à vif les difficultés cachées par mes crises de boulimie. Je me doutais bien que mes troubles du comportement alimentaire étaient là pour m’aider à colmater mes manques affectifs, mon insécurité, mes peurs ou mes difficultés relationnelles, mais l’imaginer ne prépare pas au moment où on le vit vraiment. Heureusement que là aussi j’ai pu m’appuyer sur les ABA
J’ai pris conscience aussi de ma manière de fonctionner. Je réalisais petit à petit que le désir d’être au centre m’obsédait, être au centre d’une conversation, organiser, diriger. J’étais agacée quand quelqu’un monopolisait la parole trop longtemps, et pour autant quand je l’avais à mon tour, je ne prenais pas la place qu’on me donnait.
Aujourd’hui je pense que je sais écouter et accueillir la parole de l’autre avec plus de douceur et de sincérité. Parallèlement je m’exprime plus sincèrement et de manière moins péremptoire, en tous cas je m’y attèle.
Aujourd’hui, lorsque j’accepte mes défauts, petit à petit, alors ils s’estompent plus naturellement qu’avant d’être dans l’association ABA Avant j’étais dans le déni de ces défauts. Si je les reconnaissais, c’était avec la volonté de les anéantir, dans un contrôle cérébral, dans la lutte, sans demander de l’aide, toujours persuadée que je pouvais y arriver seule. Demander de l’aide m’a obligé à lâcher ce « mauvais » orgueil qui isole.
J’ai bien sûr, comme tout être humain, des hauts et des bas mais aujourd’hui je les accepte plus volontiers. Ils durent moins longtemps, et sont moins douloureux, car je peux partager mes émotions avec mes amies privilégiées ou ma marraine. Ce n’est plus la nourriture qui calme mes émotions négatives, désormais, je les vis et les partage.
J’ai conscience que la boulimie/anorexie est une maladie, que je ne guérirai pas, tout comme on ne guérit pas d’un diabète ou de l’alcoolisme, mais je suis dans une sobriété alimentaire qui me permet de manger sans privation, ni culpabilité. J’apprécie davantage mon corps et suis plus douce et bienveillante avec moi-même, comme avec les autres.
Le programme ABA m’a permis de sortir de mes obsessions et d’apprécier pleinement les petits bonheurs quotidiens, c’est pourquoi j’assiste toujours aux réunions et que je suis active dans les services qui permettent de faire fonctionner au mieux notre association.
Vous pouvez consulter d’autres témoignages, ou prendre connaissance des prochaines réunions en présentiel ou en distanciel.
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