La nourriture agissait comme un shoot

De 18 à 27 ans, Emma a « soigné » son mal-être en absorbant des quantités de nourriture.
Un engrenage dont elle s’est sortie en rejoignant les Anorexiques Boulimiques Anonymes.

Témoignage
Emma (1), 34 ans

« Cadette d’une famille de trois enfants, j’ai grandi à Rennes (Ille-et-Vilaine). L’aînée était parfaite, le dernier génial. Moi? Le boulet de la famille.
Petite, j’avais tendance à prendre du poids. Mes parents me freinaient. J’ai eu une enfance nourrie de frustrations. A 18 ans, j’étais en surpoids.

J’ai fui Rennes, lorsque j’ai accepté ce stage de quelques mois dans le sud de la France. Je me suis sentie libre et j’ai arrêté de me nourrir jusqu’à manger une pomme par jour. Je maigrissais, c’était l’euphorie!

Peu avant mon retour, j’ai eu des angoisses, et… envie de remanger. En colocation, j’ai commencé à piquer des gâteaux dans les placards. A mon arrivée à la maison, on m’a félicitée car j’avais perdu des kilos, mais j’étais mal. Les vieilles habitudes, les réflexions familiales me faisaient peur.

« Après, j’étais anesthésiée »

Pendant mes études, je logeais chez une dame. La journée, je prenais mes repas correctement et le soir je mangeais dans ma chambre beaucoup de sucreries avant de me faire vomir. Les crises se sont rapprochées, jusqu’à trois par jour entre 19h et 22h. Je ne me posais pas de questions, ça me soulageait d’un trop-plein d’émotions. Comme un shoot. Après, j’étais anesthésiée. J’ai réalisé que j’étais boulimique, je ne sais pas comment.

J’en ai parlé à ma sœur, à une amie, elles n’ont pas su m’aider. J’ai consulté un psy sans succès sur le plan alimentaire. Sur Internet, j’ai trouvé le groupe Anorexiques Boulimiques Anonymes (ABA). Là, j’ai rencontré des gens qui avaient vécu les mêmes galères et qui allaient bien! J’étais tellement contente d’être entendue, entourée, comprise, sans me sentir honteuse… Je progressais doucement. Et il y a eu la crise de trop, les palpitations, le corps qui tremble… A partir de ce moment-là, mon moteur, ça a été le groupe.

On puise chez ceux qui sont dans le rétablissement: comment éviter les crises, comment parvenir à trois repas par jour, etc. Il y a aussi cette personne qu’on choisit comme parrain ou marraine qu’on peut appeler n’importe quand en cas de besoin. Lorsque les crises surviennent, ça déconnecte de l’obsession alimentaire.
Je suis sobre depuis sept ans. Je vais bien, j’ai un conjoint, deux enfants, un job qui me plaît. Je continue à participer une fois par semaine au groupe et je suis surtout là pour transmettre ce qu’on m’a apporté. »

(1) Prénom d’emprunt

Ce dimanche, de 10h30 à 12h, convention régionale des Anorexiques Boulimiques Anonymes à Nantes, maison de quartier Madeleine-Champ de mars, 22, rue Emile-Péhant. Tel 06 46 16 69 44.

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